GREPON MER DE GLACE (D/IV/V+)
Date : 15/08/2009
Matériel : 10 dégaines, 6 friends, sangles
Niveau : V+
Partenaire : JC
Remarque : Grandiose !
A la base nous devions JC et moi-même gravir le Grépon par la voie « le soleil a rendez-vous avec la lune ». Après avoir eu des renseignements sur la voie par un grimpeur l'ayant parcouru quelques temps auparavant je prends un peu peur quant au morceau qu'elle représente. Finalement nous optons pour le versant mer de glace. Je rêve de cet itinéraire depuis que j'ai débuté la grimpe et l'idée d'aller gravir la fissure Knubel me réjouie. Vendredi soir nous partons donc en direction du refuge de l'envers où nous arrivons vers 19h30. Nous nous enfilons notre plat de pâte sur la terrasse, à la fraîche, et allons prendre 2-3 infos sur les conditions de descente du Grépon. La gardienne nous confirme que le glacier des Nantillons est complètement ouvert mais que à priori ça passe, la voie étant régulièrement parcourue depuis quelques semaines.
En direction du refuge de l'envers
En direction du refuge de l'envers
La montée des échelles
Le versant mer de glace des aiguilles
Fin du jour sur le massif
Samedi matin 5h, nous décollons du refuge en direction de la rimaye du Grépon. Après un petit loupé dans l'approche nous arrivons au pied de la première des deux rimayes. Celle-ci se passe bien par les rochers à main droite. Ensuite on remonte en diagonale vers la gauche jusqu'à la deuxième rimaye qui passe tout juste. Le passage est quand même délicat et si la météo continue sur ce rythme l'accès va vite devenir ingérable. 6h00 je me lance à l'assaut du Grépon par le versant mer de glace. Les 40 premiers mètres sont relativement raide mais passent très bien. La suite est plus cool et nous avançons à corde tendue. On finit par arriver à la même altitude que le sommet de tour rouge. On remonte ensuite quelques cheminées et dièdres et trouvons sans trop de difficulté le rappel de 20m. Je suis soulagé, j'avais peur de ne pas le trouver celui-ci étant assez bien planqué. Suite à ce rappel ça se corse encore un peu et désormais ça grimpe franchement jusqu'au sommet. Nous tirerons quelques longueurs, notamment sur les 100 derniers mètres. Pour ma part les parties marquantes sont le départ depuis une vire dans un dièdre franchement raide d'une dizaine de mètres qui m'a donné quelques sueurs. La cheminé en IV+ suivit de l'avant dernière longueur en V+ et finalement la fissure Knubel sont pour moi la partie la plus rude de l'ascension et elle se trouve juste sous le sommet. Arrivé à la brèche Balfour, c'est à JC de partir pour la Knubel et d'aller embrasser la vierge. Malheureusement il bute 2 mètres sous le sommet comme de nombreux autres à priori, au vu du nombre de sangles et du maillon rapide qui se trouvent juste sous le pas bloquant l'accès au sommet. Finalement JC me laisse la place et j'enchaîne la Knubel non sans me mettre un peu terreur en grosse sur une réglette pas franchement énorme. Ça y est, je suis au sommet du Grépon, je vois la vierge, je suis déjà bien rincé mais tellement heureux. Le cadre est irréel, le temps est superbe, bref c'est le paradis.
Début de l'ascension
Début de l'ascension
On avance corde tendue
JC sous fond de mer de glace
JC sous fond de mer de glace
JC sous fond de mer de glace
L'aiguille de Roc
Ça grimpe
JC et l'aiguille de Roc
Coin de bois dans les dernières longueurs
On dépasse l'aiguille de Roc
La face nord des grandes Jorasses
Aiguille de Roc et mer de glace
JC dans l'avant dernière longueur...dur !
JC dans la Knubel
Summit ! La vierge est là, à mater Chamonix.
JC au sommet
Vue imprenable sur tout le massif
Vue imprenable sur tout le massif
JC et la vierge...
Mais bien vite nous revenons à la dure réalité en voyant l'état dans lequel se trouve, de l'autre coté, le glacier des Nantillons par lequel nous devrons passer tout à l'heure. Suite à l'ascension versant mer de glace, une deuxième course s'engage, la redescente du Grépon. On commence par 2 rappels puis un peu de désescalade pour rejoindre un 3éme rappel nous permettant de monter sur la terrasse CP. Cette partie de la descente est très technique et me vaudra un léger pétage de plomb. Suite à ce passage une longue désescalade parfois pas évidente nous ramène en haut du glacier. Nous franchissons la rimaye avec un début de glacier en glace vive…Suite à ça, on part en diagonal vers la rive gauche, on franchit une crevasse énorme par un pont de neige puis on redescend vers la rive droite dans une pente un peu plus raide pour venir buter sur une énorme crevasse rayant le glacier de rive à rive. On repart en direction de la rive gauche pour finalement trouver un relais sur abalakof nous permettant de franchir ce dernier obstacle. Ça y est, à priori les grosses difficultés sont passées. On file très rapidement en direction du rognon des Nantillons afin de ne pas se faire parpiner et continuons la descente. Le problème c'est que cette partie de la descente n'est pas forcement très claire sur notre topo et nous nous fourvoyons quelques peu. Finalement on trouve un relais avec un maillons et tirons un premier rappel puis un deuxième. Ça y est, il fait nuit, dans le couloir à notre gauche, c'est la guerre, des morceaux de montagne se cassent la gueule provoquant de nombreuses étincelles, d'ailleurs la montagne semble se casser la gueule dans tout le massif tant les bruits de bombardement arrivent d'un peu partout. Au relais où nous nous trouvons nous sommes en sécurité. Nous préférons alors rester là pour cette nuit et attendre le jour pour finir cette foutue descente.
JC qui passe la dernière rimaye
La crevasse rayant les Nantillons de rive à rive
Ambiance...
Bon on est en sécurité mais par contre question confort on a connu mieux. Je repense au récit de Rébuffat et aux descriptions de ses nombreux bivouacs de fortune. Aujourd'hui c'est JC et moi qui sommes assis sur notre mini plate forme, attaché à notre relais à attendre que le jour se lève pour repartir. On voit les lumières de Chamonix en bas, un laser part des Gaillands, c'est la fête des guides ce soir. Finalement la nuit se passe relativement rapidement par tranche de sommeil de 20 minutes…
A l'aube nous tirons un rappel qui nous amène tout près de la fin du glacier. Dernier sale coup avant de rentrer, le rappel se coince, JC remonte donc sur la corde pour décoincer. Enfin, je tire un dernier rappel pour franchir la dernière petite crevasse. Cette fois si c'est bon on a fini.
L'aube...enfin
On enlève enfin ce foutu baudrier, le casque et les crampons et filons en direction du plan de l'aiguille pour prendre la benne qui va sans effort nous ramener à Chamonix. Nous finirons au resto pour se goinfrer après avoir passer un long moment sans un vrais repas…