MOROCCO BY BIKE !
Jour 1 – De Lyon à quelque part dans les premières pentes de l’Atlas.
Tout débute par un énorme coup de stress à l’aéroport de Lyon. La faute à l’incompétence et au manque flagrant de ne serait-ce qu’un peu de bon sens du personnel d’easy jet. Ces ramollis du bulbe veulent que nous laissions les vélos chargés pour l’enregistrement des bagages et que le tout soit emballé dans un carton… On se retrouve donc avec 2 espèces de paquets affreusement lourds, affreusement pas manipulable et qui vont nous faire affreusement louper l’avion… Je suis fou. Tout va se jouer à une minute prêt, après un bon 800 m en 2’55 (le coach appréciera).
Arrivé à Marrakech on récupère nos vélos en bon état, on les remonte et c’est parti ! On file déjeuner place Jamaâ El Fna puis vers la gare routière pour chopper un taxi qui nous emmènera jusqu’à Demnate. Les salauds nous cueillent à froid et nous crachons 55 € pour le trajet.
Let’s go ! On a 10 litres d’eau au cul, on peut y aller. Le début de notre itinéraire nous amène à Toufghine via le col tizi n’outfi. Nous attaquons donc les premières pentes sous le cagnard. Vers 17h, au niveau d’un premier petit col, nous stoppons ! C’est bon pour aujourd’hui. Camping sauvage… RAS.
Taxi pour Demnate
Go !
Première pente de l'Atlas
Camping sauvage
Jour 2 – Mange du dénivelé.
On débute la journée par une longue descente puis une longue remontée de vallées où se succèdent des villages de plus en plus paumés. Enfin la route se redresse, le tizi n’outfi est en vue. La vitesse d’ascension est dangereusement basse… Mais petit à petit le col se rapproche. La route est bonne… Du goudron ! Nous n’en aurons plus les prochains jours. Une fois le col coché, nous basculons jusqu’à Toufghine par une longue descente. Nous dormons dans le gîte de Mohammed, total confort. La rencontre avec Driss, son neveu, est très agréable. Il n’empêche que cet enfoiré est un gros dragueur !
En direction du Tizi'n Outfi
Village paumé
Paye tes couleurs !
De l'autre coté du col !
Descente puis pause coca
Au gîte
Toufghine (qui signifie : "mieux qu'en bas")
Jour 3 – L’oued !
L’étape la plus aléatoire… Nous devons rejoindre Amezri en sachant que sur tout un tronçon, la piste a disparu. Les 12 premiers kilomètres vont bien. C’est de la caillasse mais on avance. Une fois passé Ait Hamza, ça se complique nettement. La piste est partie en vacances. Il va nous falloir suivre au mieux l’oued. Au menu, de multiple traversées de rivière dont certaines plus tendues que d’autre, du poussage de vélo et du pédalage dans la semoule… En fin de parcours on tombe sur un vieux berbère en train de biner un carré de terre. Le vieux s’empresse de finir de donner ses 20 derniers coups de pioches et nous invite (ordonne) à le suivre. Il nous fait le guide jusqu’à Ichbakent, village complètement paumé d’où néanmoins repart la piste. J’ai le pneu arrière à plat, des dizaines de gosses nous cavalent après, on est crevé, j’ai des envies de tarte dans la gueule. A force d’insister et d’avancer, les gosses nous lâchent. Je regonfle le pneu histoire de pouvoir rallier Iminikize.
Iminikize, 3 familles, des bergers. On va camper sur le terrain de l’un d’eux. Chez Youssef et son fils de 2 ans Hassan. Les vélos ont morflés. Je ressers les vis, remet un peu de graisse et on rustine la chambre à air. Une soupe, un plat de riz, du macro et tout le monde au pieu.
L'oued
Trouver le meilleur chemin !
C'est pas simple...
Mais on est content !
Eniéme traversée de l'oued
Réparation
Vu du bivouac
Hassan, Youssef et Anne
Mangeage de saucisson !!!
Jour 4 – Tizi n’Oulaoun
Au matin le pneu est de nouveau à plat… La chambre est poreuse. J’installe une autre chambre à aire. Au bout de 10 minutes je sens que la pression dans le pneu a diminué… Quelle merde. La troisième chambre sera la bonne et tiendra jusqu’au bout. Nous gagnons rapidement Amezri, là encore, des dizaines de gamins nous suivent en courant. Ils s’arrêtent dans les premières pentes du col. La moyenne kilométrique est ravageuse…Sans doute 6km/h. Le col, à 2800 m, offre un univers minéral dément. C’est beau ! Allez hop, on bascule. Peu après l’entame de la descente, l’orage pète au niveau du col. Timing ! Grisé par la descente nous foirons une bifurcation… L’erreur nous coute cher. Nous suivons les indications d’un mec dans un café qui nous indique une piste pouvant nous remettre sur le bon chemin. Deuxième erreur d’itinéraire. On se retrouve en sortie des gorges et on décide de planter la tente, fatigués. Le problème (ou non d’ailleurs) c’est que malgré l’isolement des lieux, ben t’es rarement peinard. Hassan arrive… Et nous invite à le suivre. Devant l’insistance on emboîte le pas. Résultat on se cogne 1 heure de vélo (dont 45 minutes de poussage) gratuit ! Et bim, il nous invite à planter la tente sur un champ de cailloux avec une dizaine de gosses en train de nous reluquer. Je suis pas en état de dormir là ! On s’arrache. On finit par atterrir dans un gîte aisément qualifiable de « rustique ». Pour à peine 100 dirham on a le droit au dîner, couchage, douche (c’est pas un spa non plus) et petit dèj. Le problème c’est qu’on est tartés et que pas eux… Putain, qu’est ce qu’ils sont bavards ! Brefs, vers 22h30 on nous fout enfin la paix et on peut s’écrouler tranquilles.
Encore une réparation...La chambre à air ne passe pas dans la jante. Obligé de limer.
Les berbères
On arrive au Tizi n'oulaoun
On s'est planté de piste !
Jour 5 – On signe le but et on récupère le goudron !
L’objectif de ce matin est d’essayer de se remettre dans la bonne direction. Après 2h30 de pédalage compliqué sur une piste défoncée, nous récupérons la bonne piste qui nous remettra sur la bonne voie. Le problème… cette piste est en fait le lit d’une rivière à sec. C’est du caillou très fin qui ressemble à du sable. La conséquence : on n’avance pas. Le prochain vrai village est à 30 bornes, on est un peu juste en eau ! C’est le but. Demi-tour, on file vers Skoura ! 40 km de goudron, à plat sous 40 °C. C’est plié en 2h. Putain ça fait du bien d’avaler du kilomètre. Skoura est une ville oasis comme toutes les grosses villes du Sud. En arrivant on se fait péter la pense et on se fait allumer le portefeuille (tout est relatif). Nous trouvons un superbe hôtel pas cher, propre, avec une vraie douche et un taulier très bon cuisinier. Parfait. On se refait une santé !
Najad
Demi-tour, on va récupérer le goudron
En route pour skoura !
Jour 6 - D’une ville à l’autre
Sans doute l’étape la plus facile. On quitte Skoura très tôt pour éviter de pédaler sous le cagnard. Au programme, 70 bornes plein Est, relativement plat et sur goudron pour rejoindre Boumalne Dadès. On fait un stop à Kelaar M’gouna peu après la vallée des roses. Un coca et ça repart ! A midi nous arrivons à Boumalne. Au déjeuner, plat de lentilles pour Anne, haricots blancs avec un pied de vache pour moi. L’addition est raisonnable 2,5€. Aujourd’hui c’est vraiment le four, ma montre m’a indiqué 42 °C… Après quelques allez retour on trouve enfin le camping : « soleil bleu ». Paye ton camping. Un terrain de pétanque entouré de 4 murs de 3m de haut, le tout en plein soleil… On décide de dormir à la belle étoile. Excellente nuit.
On roule à la fraiche
Pause biscuits
Camping "soleil bleu"
Jour 7 – On retrouve la piste !
Cap au sud et le Djebel Sarho. Superbe étape. Nous commençons par une quarantaine de kilomètres relativement faciles sur le goudron avec néanmoins un petit col. Très peu de villages dans cette région réputé extrêmement chaude et aride durant l’été. Peu avant Iknioul on met le clignotant à droite pour gagner la piste qui va nous emmener au col Tizi n’tazazerte. On traverse un dernier village avant l’ascension. Là, Youssef, un gamin qui sort de l’école nous suit avec son vélo. Il nous suivra jusqu’au col. Et pour cause, il habite le gîte situé au niveau du col. Le gamin se tape l’aller-retour tous les jours. Le paysage est splendide, sauvage ! Le col lui est bien planqué et se fait désirer. Un coca chez Youssef et hop, la bascule ! On a prévu de dormir dans la descente. On se trouve donc un coin pas trop mal et on se prépare à déjeuner. Là, 2 types et une petite fille se pointent, veulent nous vendre des conneries et s’installent de part et d’autre de nous. On est au beau milieu de nulle part et ces deux types viennent discuter ensemble en berbère, l’un à ma droite, l’autre à la gauche de Anne. Je bous ! Au bout d’une demi-heure, ils s’arrachent enfin. Je n’aime pas cet endroit. Je propose à Anne qu’on trouve un autre spot. Finalement on se trouve un endroit nickel, invisible de la piste et plat ! Encore une nuit à la belle étoile. La flemme de monter la tente.
En route pour le Djebel Sarho
Une superbe étape
Pause avant de s'avaler le tizi n'tazazert
Youssef nous accompagne
Au col !
Bivouac !
Jour 8 – La descente la plus lente de l’histoire
On s’attendait à 40 bornes tranquilles pour rejoindre Nekob. Tu parles. La piste est tellement défoncée qu’on descend à 5 à l’heure voir à pied… C’est un peu dur moralement. Une fois la vallée récupérée, nous pédalons sur un plateau désertique venté et surchauffé. Le ciel est gris blanc du fait de la poussière et du sable soulevé par le vent. Ambiance ! En plus de ça on est charrette en eau. Anne stresse un poil. J’économise la flotte. Finalement le plateau finit par nous dévoiler Nekob à quelques coups de pédale. Le moral remonte. A Nekob on a prévu un jour off pour le lendemain. Le camping est confortable et il y a une piscine. Très bon repas à midi avec un serveur vraiment agréable ! Nous achetons de quoi manger le soir dont quelques tomates et un melon au marché…
Descente délicate
De la brume ce matin là
De nouveau dans la vallée
In the desert...
Au camping...
La guerrière
Jour 9 – Cacas mous et rots à l’œuf !!!
Dans la nuit je me réveille, le bide complètement en guerre. Je vais me vider aux chiottes… Je rote… Putain, c’est quoi cette odeur ??!! Anne se lève également et me dit qu’elle rote l’œuf. Putain, mais oui c’est ça l’odeur. Sauf qu’on n’a pas mangé d’œuf… Nous supposons avoir choppé une bactérie dans les tomates. Au matin on entame un traitement antiseptique pour l’intestin. En milieu de journée Anne va mieux. Pas moi ! Cette saloperie va me rétamer 24h. Le plus horrible vient des rots souffrés. J’ai l’impression qu’un rat musqué se décompose dans mon intestin…Bref. Je me couche le ventre encore en état de siège.
Images censurées
Jour 10 – C’est reparti !
Au matin je suis septique sur ma capacité à pédaler. On décide malgré tout de mettre les voiles. Je me vide une dernière fois et en avant Guingamp. Depuis qu’on est à Nekob le vent souffle comme un dingue vers l’est. Et pas de chance, nous on file vers l’ouest ! 40 Km le vent dans le pif avec 2 yaourts dans l’estomac. On finit par arriver à Tansikht qui marque notre bifurcation vers le sud et notre destination finale : Zagora. Anne s’envoie une Tajine. Moi je ne peux pas. Je reprends 2 yaourts histoire de me refaire une flore intestinale. Et bim on enquille sur la piste descendant la vallée du Drâa. C’est superbe, on avance de palmeraie en palmeraie. Une petite erreur d’itinéraire nous fait emprunter une piste défoncée et nous en met un coup dans les guiboles. On est fatigué. Il faut trouver un coin où dormir. Pas si facile. On trouvera finalement un gîte peu après Akhellouf. Au final, on s’est avalé 90 bornes dans la journée (et 4 yaourts pour moi). Comme à chaque fois, on est fatigué mais il faut se plier au rituel du thé qui généralement dur un peu des plombes. Les berbères sont charmants et ont un sens de l’accueil dont on ferait bien de s’inspirer. Ce qu’ils n’ont pas c’est le sens de l’intimité. Ils ont du mal à sentir quand on a envie d’être peinard. Mais bon, le thé fait du bien ! Un autre probléme sèrieux vient de leur rapport aux femmes. Ce soir là ils ne se sont adressés qu'à moi. Anne n'existait pas...
Back in the buisness
On attaque la vallée du Drâa
Changement de décors
Légère erreur d'itinéraire.
Un peu fatigué
Jour 11 – Zagora is down !
Dernier jour de vélo, 40 petits kilomètres pour rejoindre Zagora, notre terminus. 20 kilomètres de piste puis le goudron. Zagora nous parait être une très grosse ville en comparaison à ce qu’on a vu depuis qu’on pédale. On se trouve un hôtel pas cher avec piscine, on mange, on boit des jus, on se baigne, et on se fait arnaquer pour l’achat d’un tapis… Le soir, nous découvrons une face cachée des marocains (on s’en doutait quand même un peu). Le vin de dattes acheté au marché noir coule à flot dans les arrières boutiques et la fumée ne provient pas que des marquises (la marque locale de cigarettes). Bref, nous rentrons, joyeux, nous coucher après avoir passé la soirée en compagnie Hassan et Driss.
Chateau fort
Les derniers mètres de piste
Zagora is down !
Jour 12 à 16 - Arnaque, tajine et jus de fruits.
La fin de notre séjour sera beaucoup plus tournée vers la glande, la bouffe, la lecture et les visites. Mercredi matin nous quittons Zagora pour rejoindre Marrakech en bus. 9h de trajet. Ca tourne pas mal, le pilote est un vrai branque. Une nana juste dernière nous dégueule dans un sac plastique…Ca pue !
Arrivés à Marrakech, c’est un peu le choc pour nous. Ca bouge dans tous les sens… Putain tout le monde est sous cocaïne ici ? On se trouve un hôtel pas cher tenu par une épave vautré toute la journée sur son pieu à fumer pétard sur pétard. On décide de faire un tour dans le souk… Erreur, le choc est trop brutal pour moi, je ne suis pas en condition. Anne non plus d’ailleurs. Bref on ressort. On dine sur la place Jamaa el Fna et au dodo. Le lendemain, on se fait un tour de vélo au feeling dans la ville.
A vrai dire on s’ennuie un peu. Marrakech est vraiment très beau mais tout le folklore et les rapports entre touristes et locaux nous pèse un peu. La misère vraiment extrême et la vente de chinoiseries à l’inutilité affligeante se côtoie sur 2 m². Bref, impression en demi teinte de cette ville mythique.
Allez, il est temps de rentrer. Et ôh miracle, l’enregistrement des vélos n’a posé ici aucun problème. Comme quoi, quand on met un peu de bonne volonté et de bon sens…
Session mob à Zagora...
la kutubiyya de marrakech
Les cygognes de Marrakech
Place Jamâa el Fna
Les gargottes
L'intégralité des photos est disponible ICI