1/2 UTMB (90 km / 5000m de D+)
Date : 28-29/08/2010
Niveau : 90 Km, 5000 de D+
Remarque : Un grand moment !!!
Ça fait maintenant une semaine que je termine les préparatifs pour la course que j'attends depuis 7 mois maintenant. Les dosages de poudres pour la boisson énergétique sont fait au gramme près, les apports en nourriture solide sont calculés précisément, bref aucune place n'est laissée à l'improvisation. « L'improvisation » sera pourtant le maître mot de ce week-end riche en rebondissement.
Jeudi soir :
Mon frère qui participe à la course et mon père qui vient de traverser la France pour nous assister arrivent chez moi à Chambéry.
Vendredi :
10 h, on passe prendre Cyril, inscrit sur l'UTMB et filons sur Chamonix. La météo est pourrie, il pleut mais nous restons confiant. De toute façon on s'en fout, il peut pleuvoir, on ne s'est pas entraîné comme des dingues pour aujourd'hui craindre la pluie. Bref, on est remonté.
12 h, les dossards sont retirés, mon frère et moi allons manger puis faire la sieste. Je laisse Cyril qui lui, prend le départ à 18h30.
17h, je rejoins Damien venu me supporter et nous allons voir le départ de l'UTMB. Il y a énormément de monde au départ, la mise en scène est bien soignée, les organisateurs font monter la pression crescendo. On a même droit à l'hymne Italien puis Suisse pour finir sur la Marseillaise.
18h30, 2300 bonhommes s'élancent pour faire le tour du massif du mont blanc…Il se met quasiment instantanément à pleuvoir. Pour mon frère et moi, le départ est à 00h00 à Courmayeur. Le bus qui nous y amène est à 22h15. En attendant, nous allons nous reposer.
22h00, nous sommes fin prêt, ça y est c'est le départ on file prendre le bus, il pleut. Arrivé au bus il n'y a pas grand monde, une dame de l'organisation nous propose d'aller nous mettre à l'abri dans le gymnase où l'on nous donnera plus d'informations…Soudain, le doute m'habite…Quelles informations ??? On entre donc dans le gymnase. Il est plein de coureur. Mon frère entend le mot « annulation ». Je commence à me liquéfier. 2 gars nous informent que les coureurs de l'UTMB ont été stoppés et que le départ de notre course (la TDS) est repoussé.
Vers 22h15 on apprend que l'UTMB est officiellement annulé. A 22h20 on reçoit un texto de l'organisation qui nous informe que le départ de la TDS est repoussé d'au moins 3h. Je suis fou. Mon frère également. Nous décidons d'aller nous recoucher et mettons le réveille à 00h30.
Samedi :
00h31, Cyril m'appelle. L'organisation vient d'annoncer officiellement l'annulation de notre course. J'informe mon frère de la nouvelle. Nous sommes complètement abasourdis. 7 mois qu'on attend cette course, on est prêt, on a passé l'été à courir, à faire du vélo, à faire gaffe aux excès, j'ai sacrifié ma saison de grimpe, bref, le coup est très dur. Impossible de dormir après ça, on décide donc d'aller faire un tour. Des coureurs de la CCC (la 3éme course du weekend qui est parti le matin à 10h) arrivent dans chamonix. De les voir arriver, défoncés, crasseux, mais aux anges, me file une envie de chialer pas possible. Dire que je n'en pouvais plus d'attendre ce moment où je rentrerai dans les rues de Cham pour passer la ligne d'arrivée et que je ne vais même pas courir 100 mètres ! Je n'ai pas pris ma carte bleu pour aller siffler des bières comme plein d'autres coureurs dans le même état que nous, ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manque. Un oubli qui va nous sauver !!!
Avant de me coucher, j'éteins mon portable afin de ne pas être réveillé par les texto d'encouragement de mes amis me croyant en train de courir…Heureusement nous ne sommes pas riches et dormons dans un gîtes et donc dans une piaule avec 3 autres coureurs…
2h30, un des coureurs de la chambre reçoit un texto.
- hé, les gars, je viens de recevoir un texto de l'organisation : « TDS UTMB, départ commun samedi 28 10H. Parcours Courmayeur-Champex-Chamonix. Bus à partir de 6h30 centre sportif de chamonix. On hésite à peine une demi seconde et puis mettons le réveille pour 5h30…Il faut qu'on coure.
5h30, le réveille sonne, nous avons du dormir 2h30…Vers 6h10 nous sommes dans un bus et à 7h00 nous arrivons à Courmayeur dans le gymnase squatté par les coureurs de la TDS déjà ici hier soir avant d'apprendre l'annulation de la course.
Il faut maintenant se motiver, retrouver l'influx et se préparer à une grosse journée. Un mec connaissant le parcours que l'on va se taper nous fait une description détaillée que j'essaye de graver au mieux dans mon cerveau. Il faut également réadapter toute notre logistique si bien huilée. Mon père venu nous assister nous rejoint à Courmayeur vers 9h00. On réorganise alors nos sacs et donnons rendez vous à notre père à la Fouly soit un peu avant la mi-course. Ah oui, la course…Nous allons donc faire un peu plus de la deuxième moitié de l'UTMB soit environs 90 Km et 5000 mètres de dénivelé positif.
9h45, nous sommes au départ en compagnie de 1300 autres coureurs, ceux qui ont eu la chance d'avoir le texto à temps et qui ont eu l'envie, la motivation, la folie ou je ne sais quoi de venir se la coller aujourd'hui. Mon frère et moi sommes prêts, on va courir 90 Km dans les montagnes, c'est tout ce qui nous importe. On a la dalle quoi !
Préparation à Courmayeur
Pub pour Evian
En route !
Dans le sas...
Delebarre, Sherpa, Jacqerot, Chorrier.
On va y aller
10h15, c'est parti, le troupeau est lâché et on se dirige vers Bertone. La montée se fait à la queue leu leu, impossible de vraiment doubler sur ce petit sentier. Suite à Bertone on enchaîne sur une partie en balcon bien roulante. Je trouve que je suis beaucoup trop haut dans les pulses (j'ai mon cardio sur moi) pour la vitesse à laquelle je suis et décide de ralentir un peu suite au ravitaillement du refuge Bonnati (je suis 352 éme).
Arrivé à Arnuva (350 éme) on nous informe qu'il fait 4°C au sommet du grand col Ferret et que le vent souffle très fort. J'enfile donc ma veste et attaque la montée du col. Ça y est je commence à être dans la course, je double du monde régulièrement et les sensations deviennent bonnes. La montée est très longue et plus ça va plus il pleut, plus il vente et plus le brouillard est épais. Ambiance de fin du monde au sommet du col, je ne m'attarde pas et bascule en Suisse (je suis 285 éme). La descente vers la Fouly est longue et scabreuse au possible, je me prend d'ailleurs une superbe vautre dans la boue.
J'arrive finalement à la Fouly en 5h00 (268 éme), mon père est là, mon frère aussi, ça me fait bien plaisir. Je décide d'attendre Champex pour changer de chaussettes et de teeshirt, je repars donc avec mon frère. Nous ferons le restant de la course ensemble.
A la Fouly
Les conditions au grand col Ferret m'ont un peu déglingué
Recharge du camel bag
Direction Champex !
Happy !
Partie roulante
Arrivée à Champex
Remise en forme
Pâtes, fromage et soupe
Regraissage des pieds
et hop...
...On y retourne
A Champex je me refais une santé. Je change de chaussettes, de chaussures et de tee-shirt. Je mange des pâtes, de la soupe et du fromage, je recharge mon Camel bag et hop, c'est parti pour la montée à Bovine. J'avais souvent entendu parler de ce col réputé très dur. La montée se passe sans problème, nous arrivons au sommet assez rapidement, je suis 278 éme, cela fait 9h que l'on court. Durant la descente de Bovine mon frère et moi lâchons un peu les chevaux, il est maintenant temps de se la donner un peu et de prendre des risques.
A 20h15 nous arrivons au ravitaillement de Trient, on passe alors en mode « nuit » en enfilant les frontales et la carline manches longues puis on file en direction de Catogne. Durant la montée, mon frère impose le rythme, on monte au train et déposons une vingtaine de coureur. L'ambiance dans Catogne est glauque au possible, on dirait que le chemin est parcouru par des dizaines de bonhomme filant vers l'abattoir. Ca gémit, ça rote, ça péte, tout le monde s'en fout, chacun est bien planqué dans un coin de son cerveaux et laisse les jambes en pilotage automatique. Faut le vivre pour bien saisir le truc…
Pour la descente, je prends la tête et appuie encore un peu plus que dans Bovine, les sensations sont super bonnes, les endorphines bossent comme des dingues, c'est le bonheur total!
Dimanche :
On arrive à Vallorcine en 12h20, je suis 238 éme, il nous reste 18km et 950 mètres de dénivelés. Dans la tente du ravitaillement certains sont cuit, un mec est assis à une table, la tête dans les mains, toute sa famille est là à le motiver pour repartir mais il ne dit rien, je ne sais pas s'il est reparti. On donne rendez vous à mon père à Chamonix et filons pour la dernière difficulté, la tête au vent (c'est le nom de la difficulté).
Je prends la tête pour cette dernière ascension, mon frère me colle derrière comme je l'ai collé dans la montée de Catogne. Cette dernière ascension est sans doute la plus rude et la plus technique du tracé, sur un sentier très éprouvant pour les cuisses. La partie entre la tête au vent et la Flégère est franchement scabreuse et nous sommes obligé de mettre les mains à plusieurs reprises pour descendre certaines portions. Nous sommes 213 et 214éme à la Flégère, cela fait 15 h que l'on court, on siffle une soupe, on gobe un gel et hop c'est parti pour l'écurie, il reste 8km et s'en sera terminé.
Le début de la descente est dans le brouillard, on ne peut pas envoyer, ce n'est pourtant pas l'envie qui me manque. A environs 4 Km le brouillard nous lâche enfin, nous, on allume le dernier moteur. Je ne pourrais pas décrire les sensations ressenties mais putain que c'est bon. Je suis complètement shooté aux endorphines, cela fait 16 h que je cavale dans les montagnes, et là nous courons mon frère et moi dans la forêt à 12-13 Km/h vers l'arrivée. Il est 2h15 du mat' il n'y a pas foule quand nous arrivons dans les rues de Chamonix, mais quelques personnes sont quand même là pour nous applaudir. Ca y est, la ligne d'arrivée est en vu, il y a un peu plus de monde, nous finissons la course en 16h04 mon frère et moi, respectivement à la 200 et 201éme place sur 1127 arrivants.
Fin de la descente de Catogne
Ça fait un moment qu'on courre et ça commence à ce voir...
2+2 ?
Il nous reste 18 Km et 950m de D+
Allez, on tient le bon bout !
Finichers !!!
Au niveau de la perf je suis bien content, je pense néanmoins qu'on a été trop prudent et qu'il nous en restait dans les jambes en arrivant. Nous avons également passé plus d'une heure au total dans les ravitaillements ce qui doit aussi pouvoir être largement amélioré.
Profil et cardio
Temps de passage et classement
Aujourd'hui, lundi, je me dis qu'il est quasi certain que je m'alignerai à nouveau sur un ultra avec quelques dizaines de kilomètres et quelques milliers de dénivelés en plus…histoire de voir quoi.
Nous remercions notre papa qui a traversé la France pour venir assister 2 de ses fistons !
Pour finir, je dois également un grand merci à tous mes amis m'ayant soutenu durant la course par leurs nombreux textos et ayant suivi mon avancé sur le net. Merci beaucoup !